Message aux parents et aux dirigeants des organisations baptistes évangéliques
Chers parents,
Nous vous invitons à adopter une parentalité bienveillante, ancrée dans votre foi chrétienne. Si votre foi représente pour vous une question de vie ou de mort, sachez qu’elle peut être pour votre enfant une source vivante de foi et de relations saines, ou, à l'inverse, devenir une expérience générant blessures et souffrances.
Être un parent « religio-responsable » signifie :
Respecter la liberté de votre enfant
Comprenez dès le départ que votre enfant n’a pas choisi votre conversion ni votre adhésion à la foi chrétienne évangélique. Vous avez eu la liberté de choisir votre foi, il est essentiel de lui laisser cette même liberté. Il y a une différence entre enseigner votre foi et contraindre votre enfant à l’accepter.
Réfléchir aux risques de violences
Soyez vigilant aux risques de violence — spirituelle, psychologique, physique ou sexuelle — que votre enfant pourrait subir dans le cadre des enseignements, des pratiques religieuses ou de la discipline.
Ne pas faire preuve de confiance aveugle
Ne placez pas une confiance aveugle dans les autres membres de votre communauté religieuse, y compris les dirigeants. N'oubliez pas que des « loups » peuvent se cacher dans toutes les « bergeries ».
Favoriser la confiance et l’écoute
Veillez à ce que votre enfant se sente en sécurité pour partager ses difficultés avec vous, sans craindre des représailles ou un rejet systématique de votre part ou de celle de son entourage social.
Respecter les besoins de votre enfant
Ne rejetez pas les besoins affectifs, émotionnels et matériels de votre enfant sous prétexte de votre foi. Il est crucial de répondre à ses besoins tout en équilibrant cela avec votre engagement spirituel.
Réfléchir aux conséquences de votre foi sur la famille
Prenez le temps de réfléchir aux répercussions de votre foi chrétienne sur votre vie de famille et sur la vie de votre enfant. L’équilibre familial ne doit pas être sacrifié au nom de la ferveur religieuse.
Maintenir un équilibre dans la vie
Soyez critique vis-à-vis de l’intensité de votre ferveur religieuse. Bien que la spiritualité soit essentielle, il est nécessaire de ne pas négliger les autres aspects de la vie (émotionnel, social, éducatif) pour garantir un épanouissement équilibré de la famille.
Éviter l'isolement social
Interrogez-vous sur les effets de vos pratiques religieuses : est-ce qu’elles isolent socialement votre enfant, le coupent de sa famille élargie, ou l'incitent à se méfier des autorités et des services de protection sociale ? Cela pourrait rendre votre enfant vulnérable.
Reconnaître vos vulnérabilités
Soyez conscients de vos propres vulnérabilités — qu’elles soient personnelles, liées à la santé, aux finances, à l'éducation ou à la gestion de la sexualité, de la violence ou des abus d'autorité. Ces vulnérabilités peuvent vous rendre plus susceptible de négliger vos responsabilités parentales et vous exposer à des autorités religieuses ou sectaires malveillantes.
Remettre en question les conseils spirituels
N’hésitez pas à remettre en question les enseignements concernant l’éducation de vos enfants, même ceux dispensés par des pasteurs ou des anciens. Un titre religieux ne fait pas de quelqu’un un expert en développement de l’enfant. Méfiez-vous de ceux qui affirment détenir une vérité absolue et vous incitent à rejeter les connaissances scientifiques sur le développement de l’enfant.
Assumer votre responsabilité parentale
Rappelez-vous que vous êtes responsables de la protection de votre enfant et de la satisfaction de ses besoins. Vous êtes les titulaires de l’autorité parentale, et cette responsabilité doit primer sur toute autre considération.
Inspiration partielle : Lorraine Derocher (2022) Ces enfants oubliés : Grandir dans une communauté sectaire, Québec, Édition de l'Homme.
Pour aller plus loin : Parentalité bienveillante et foi chrétienne.
Chers dirigeants,
Certains d’entre vous tentent de se dissocier ou de prendre des distances, mais il reste des blessures causées aux enfants, ainsi qu’aux parents ayant adhéré à vos organisations religieuses. Vous avez sacrifié des générations d’enfants, souvent à cause de votre idéologie éducative.
Le déni de ces réalités n’a jamais été une solution aux dérives. Il est temps de prendre du recul et de faire preuve de courage et d’humilité.
Après avoir enseigné pendant des décennies que frapper vos enfants était une voie de salut, vous devez prendre conscience que cela n’a fait que conduire à la destruction et à la souffrance. Réveillez-vous et reconnaissez que vous êtes responsables des dérives de vos enseignements.
Le chemin de la repentance et du changement n'est pas facile. Il sera douloureux à bien des égards, mais il n’est pas trop tard pour agir et vous humilier, si nécessaire.
Vous n'êtes pas seuls ! De nombreuses dénominations chrétiennes ont traversé ces dérives, notamment dans les pensionnats autochtones, les orphelinats et les écoles religieuses. Vous pouvez vous inspirer de leurs démarches pour trouver un chemin de réconciliation.
Être des dirigeants « religio-responsables » signifie :
Reconnaître vos dérives
Bien qu'il soit difficile et humiliant d'admettre avoir enseigné des pratiques et des croyances erronées, ce processus est néanmoins essentiel.
Assumer votre responsabilité
Prenez pleinement conscience du tort que ces dérives ont causé et de votre part de responsabilité.
Instaurer des politiques internes et une réforme doctrinale
Mettez en place des politiques internes et une réflexion théologique qui visent à corriger ces erreurs et à prévenir toute répétition.
Pour vous inspirer, vous pouvez consulter ces ressources :
La Bible encourage-t-elle la punition corporelle des enfants ?
Les langues bibliques et la question de la punition corporelle
Réflexion théologique Coram Deo
Vous repentir et reconnaître publiquement vos erreurs
N’ayez pas peur de vous exprimer ouvertement : le Code civil du Québec protège ceux qui présentent des excuses publiques. Contrairement aux démarches incomplètes formulées dans le cas du pasteur Claude Guillot, assurez-vous d’aller jusqu’au bout dans votre repentance, sans demi-mesures.
Pour vous inspirer davantage, consultez également :
Assumer la responsabilité et réparer le tort causé
Prenez vos responsabilités et œuvrez pour réparer le tort que vous avez commis. Refuser de corriger les erreurs passées, est-ce vraiment une réponse chrétienne ? La valeur de votre argent passe-t-elle avant votre devoir de chrétien ? Comme le montre l'exemple inspirant de Zachée (Luc 19:8), il est possible de faire preuve de repentance authentique et de justice.